Le travail de l’artiste Paolo Anselmo sur la céramique prend son véritable essor dès le milieu des années 1990. Conseillé par son ami Franco Bratta, grand sculpteur animalier, établi avec sa famille à Albisola (Italie), Paolo Anselmo décide de vivre dans le sud de la France, à Biot. Il manie la terre avec dextérité.
Une de ses premières créations est une série de poissons en céramique de couleurs, Notamment la Baleine bleue montrant ses fanons dans un sourire hilare. La faune et la flore sont ses thèmes de prédilection. Il ne faut cependant pas oublier quelques têtes de femmes surmontées de coiffures improbables et très graphiques. Il réalise aussi des autoportraits saisissants où un regard perçant s’échappe d’une tête chauve.
Dès le milieu des années 2000, il rencontre Céleste, qui deviendra une source d’inspiration, et s’installe à Albisola Marina (Ligurie). Il façonne de ses mains des plantes exotiques qui deviendront progressivement des animaux. Je me souviens d’un triptyque de céramique vert vif représentant un cactus qui se transforme progressivement en poisson.
Le processus suivant est surprenant et drôle : le corps du cactus se transforme, apparait alors deux yeux et une bouche de poisson d’un rouge éclatant. Une de ses premières expositions importantes est celle de Savone, de juillet et août 2009, intitulée « Lo Zoo et Paolo Anselmo ».
On y retrouve des animaux fantastiques en céramique de couleurs fortes, évoluant entre le rêve et le cauchemar. Hérissés de pointes acérées des monstres préhistoriques échappés de son imaginaire défient d’un rictus carnassier, des animaux au long cou, phantasme de girafes aux lèvres proéminentes. Une autre facette de sa création est un hommage aux femmes. Les parties les plus sensuelles du corps féminin sont mis en exergue par des sous vêtements suggestifs .
En revanche, mettant en relation des mangas japonais et des caricatures européennes à travers un humour qui lui est propre, son art demeure universel. Paolo Anselmo nous fait rêver en nous entrainant dans un univers coloré et parallèle au notre. Dans l’article du catalogue de l’exposition de 2009, « le zoo et Paolo Anselmo », le critique d’art Philippe Daverio insiste sur le fait que l’artiste utilise un matériau archaïque : la terre glaise pour la façonner avec sa propre folie de formes et de couleurs dans une vision adaptée à son époque.
L’artiste est bien dans notre Temps. Il réalise des pièces plus accessibles en prix telles que des grands plats ronds, décorés de bans de petits poissons, motifs répétitifs qui nous
hypnotisent. Dans ses premiers grands plats, il ne faut pas omettre de mentionner ses monstres reptiliens, basculant entre le dinosaure et le monstre du Loch Ness qui nous fixent avec humour. De la mer et du ciel, il s’inspire pour faire dialoguer d’un monde à l’autre le poulpe et le hibou.
Posséder une céramique de Paolo Anselmo, c’est faire entrer, dans notre décor personnel, l’imaginaire d’un artiste globe-trotter qui maitrise également la technique de la céramique, héritée de l’antiquité et un humour décapant qui balaye les thèmes convenus d’un rire rabelaisien .
La céramique est une tradition artistique des pays du Sud que P. Anselmo a adapté pour la rendre actuelle et désirable aux nouvelles générations.